vendredi, novembre 30, 2007
Too Beautiful
1/ Bobby Darin - Not For Me
2/Rodion - Electric Soca (Cosmo Vitelli remix)
3/Christian Prommer's Drumlesson - Rex Drums
4/ Alan 1 - Apollosamba
5/ The Immortals - The Ultimate Warlord
6/ Eedio - Eno
7/ L.A. Priest- Engine
8/ Mu-ziq - Droops
9 The Small Faces - Itchycoo Park
10/ Michoacan - Lovers In The Air
11/ John Foxx - Burning Car
12/Fairmont - Flight Of The Albatross
13/Maximilian Skiba - Bye Bye C64
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Avec une petite vidéo:
mardi, novembre 13, 2007
mercredi, octobre 31, 2007
Post citrouille
Arpanet - Event Horizon
Stefan Goldmann - Sleepy Hollow
LFO - Jason Vorhees
The Emperor Machine - Fear Of A Woman
Legowelt - Dimension Doors
Je pense me remater ça ce soir, c'est mon chouchou (y compris pour son excellente musique):
mardi, octobre 30, 2007
Resistance non futile
Vous avez peut-être déjà lu l'excellente (et rarissime, le journaliste dans la version papier de l'article relate le périple ayant précédé l'entretien, qui a failli ne pas avoir lieu) interview de Mike Banks, plus connu sous le pseudo Mad Mike, grand manitou d'Underground Resistance (site mignon à cliquer ici). J'avais déjà mentionné la fraîcheur de ses propos il y a quelques mois, et ce que j'ai lu dans The Wire m'a conforté dans ma sympathie profonde envers cette personne. Plus d'une remarque me semblent aussi simples que pertinentes:
1/ on mentionne souvent le fait que la techno est née à Detroit, ville industrielle par excellence, et en général ça aboutit à des platitudes sur l'influence que ça a pu avoir sur l'esthétique musicale de ces artistes. Ici, Mad Mike choisit de développer un parallèle plus riche entre la situation de l'industrie automobile de Detroit au sein de l'industrie automobile mondiale et la place qu'occupe la techno de Detroit au sein de l'économie musicale électronique mondiale. L'homologie est intéressante, d'autant plus qu'elle rattache la vitalité commerciale de la techno a une approche particulière de la technologie comme base de la popularité de sa musique. Au fond, musicalement, la techno de detroit n'a pas révolutionné la façon d'écrire de la musique, mais a su cristalliser un mode de production original, détaché de l'approche intrumentiste conventionnelle, qui utilisait les outils électroniques comme simple intermédiaires pour réaliser les idées écrites au préalable. C'est comme ça qu'on peut comprendre que Mad Mike assemble un petit "bullshit museum" où il expose les vieilles machines utilisées par les figures historiques de la techno de Detroit. ça m'a rappelé une discussion que j'avais eue avec un ami où on se disait que, dans certains cas, ce qui définit un genre en musique électronique, ce n'est pas un set de qualité esthétiques (la disco par exemple, est définie dans la wikipedia ainsi "Disco songs usually have soaring, often reverberated vocals over a steady four-on-the-floor beat, an eighth note (quaver) or sixteenth note (semi-quaver) hi-hat pattern with an open hi-hat on the off-beat, and a prominent, syncopated electric bass line. Strings, horns, electric pianos, and electric guitars create a lush background sound. Orchestral instruments such as the flute are often used for solo melodies, and unlike in rock, lead guitar is rarely used"), ni par un usage social (comme la "house music" dont le nom est tributaire de l'endroit où elle était jouée) ni même un dispositif technique particulier (des pratiques comme le clicks'n'cuts par exemple), mais un certain rapport à la technologie de production. Ainsi, entre les vieux classiques de house façon chicago des années 80 et la première génération de techno de Detroit, il n'y a pas de grande différence musicale. Pourtant, quand le terme "techno music" est apparu, il a su mettre en évidence le changement de paradigme qui fonde la grande influence de ce terme sur la musique électronique. En réalité, aucun outil spécifique n'avait été créé, mais l'idée de développer sa musique en prenant strictement le parti pris des machines a suffi à faire naître un genre nouveau, déclinable à l'infini en sous-genres divers. Ce effet de cristallisation du concept explique à mon sens la permanence de l'idée selon laquelle la musique électronique est un genre tout récent, apparu dans les années quatre-vingt, les travaux antérieurs étant relégués au statut d'influences et de pionniers.
2/ Mad Mike donne des explications sur sa politique d'anonymat qui diffèrent des interprétations très abstraites qu'on en donne parfois (souvent axées autour d'une dissolution de la figure de l'artiste au profit de la musique "pure"; en réalité, si ça peut coller à des projets tels que Drexciya, ça ne cadre pas vraiment avec la vision très humaine de Mad Mike, même s'il évoque aussi cet aspect): il perçoit qu'une forme de transaction symbolique s'instaure entre les consommateurs de sa musique et les producteurs, et essaye de maintenir une aura de mystère qui accroît le capital-prestige de sa musique. Raisonnement très terre à terre mais manifestement efficace, vu la longévité du label. Il revient sur ce point à plusieurs reprises, et distingue assez finement le besoin d'avoir une figure d'autorité forte (un label qui fonctionne littéralement comme une étiquette, un producteur charismatique) et le danger d'avoir une musique dépendante d'un personnage dont les caractéristiques finiraient par déborder la musique elle-même.
3/ Il maintient sa conception très utopiste de la fonction politique de la musique, ce qui d'autant plus louable qu'il est très impliqué dans le tissu social de sa ville, et donc au fait des réalités de la vie. Underground Resistance fonctionne parfaitement comme une petite entreprise brassant des enjeux très divers: il y a une dimension économique, en ce sens que le label est vraiment là pour aider des musiciens à payer les factures en leur assurant une visibilité suffisante, une dimension symbolique, en ce sens que le label entend développer un certain discours sur la société, et une dimension plus simplement sociale, qui concerne l'action très spécifique du label sur son contexte propre, Detroit. C'est pourquoi Mad Mike insiste autant sur le feedback qu'il reçoit, et sur le poids que cette popularité très forte quoique spécifique donne à sa propre parole dans sa ville. à la fin de l'entretien on comprend vraiment pourquoi il croit que la musique peut changer les choses; il agit vraiment en conséquence de ce principe. L'excellence musicale (il réfléchit en terme de nécessité naturelle à l'oeuvre dans ses morceaux, qui semble même lui échapper, à la façon du poète saisi par l'inspiration), l'exigence de produire la meilleure techno possible, compte vraiment dans son action sociale.
4/ Sans vraiment le formaliser, Mad Mike offre quelques idées intéressantes sur la façon dont la musique transite, crée de l'information et ouvre des perspectives. ça l'amène a percevoir des phénomènes abstraits comme les différentes échelles de la mobilité urbaine à travers son activité de musicien, par exemple; tant et si bien qu'il en arrive à interpeller des personnalités politiques pour critiquer des projets de construction de route, pour promouvoir un développement des transports en commun de proximité. Il rattache cette prise de conscience à sa propre activité de voyageur, directement liée à son activité de musicien.
5/ j'aime le fait qu'il s'applique à faire qu'Underground Resistance reste une entité dont le but principal est de sortir des disques. ce qu'ils font plutôt bien en plus. Et comme le journaliste de The Wire, je vais laisser le mot de la fin à Mad Mike: "We're still making cutting edge shit, man, it's wild shit, man, it's raw, I love that ghetto perspective on space and time and the future, because it's warped like a motherfucker, and as long as they're making it, I'll put it out."
Et pour finir, une deuxième fois, ce message, une tape de bon aloi:
"Transaction annulée":
1. Lawrence - Rabbit Tube (Dj Koze remix)
2. Someone Else - Carespray
3. Stimming - Get out of something
4. Three Dog Night - It's for you
5. Box Codax - Rat Boy (Mock & Toof mix)
6. Toby Tobias - A Close shave (Brontosaurus remix)
7. Fabrice Lig - X-Slaves who changed the world
8. FPU - Seven Of Nine
9. Jori Hulkonnen - Fermi Paradox
10. Marco Passarani - Clair
clique pour l'avoir
samedi, octobre 20, 2007
Joyeux Anniversaire!
tu portes bien tes 26 ans. bel âge, par ailleurs.
je vais revoir ton mindbending clip, pour commémorer l'évènement:
dimanche, septembre 30, 2007
livraison mensuelle
tracklist:
1. Roy Orbison - Only The Lonely (Know The Way I Feel)
2. Black Mustang vs. Kerrier District - Mad As Hell
3. Tensnake - Mad Dog
4. Division By Zero - Boulderdash
5. Photocall - Silver Clouds
6. Bangkok Impact - Junge Dame (Bangkok Impact Remix)
7. Cosmo Vitelli - Delayer
8. Kuniyuki- Earth Beats (Chateau Flight main mix)
9. Jean-Jacques Perrey & Luke Vibert - Moog Acid (Jackson Mix)
10. Artist Unknown - Masheen
vendredi, septembre 21, 2007
Un peu de musique virile...
jeudi, septembre 20, 2007
An Apple A Day...
Pour poursuivre dans les plaisirs des yeux, j'ai envie de crier mon amour pour les pochettes des disques DC Recordings:
Je ne sais pas qui est l'auteur de ces superbes pochettes, mais en tout cas, il me donne sacrément envie d'acheter ces beautés en vynil. Il est de plus en plus difficile de vraiment avoir envie d'acheter de la musique. J'y reviendrai dans les prochains jours. Pas envie de m'étaler là dessus maintenant, je suis fatigué.
Pour finir, je vous donne gratos un morceau qui ne m'a rien coûté. En fait je vais même vous renvoyer vers la page où on peut le choper: le myspace de Roland Appel. Vous avez peut-être entendu son morceau Dark Soldier, qui reçoit des éloges en pagaye depuis quelques mois. Fort joli morceau ma foi, quoique le côté très solennel peut rebuter au début. Vous pouvez l'écouter sur le myspace. En dessous vous verrez un "Too Shy 2007 R.A. edit", qu'il donne librement. Il s'agit en fait d'un remix pirate du tube de Kajagoogoo, façon deep house, entièrement instrumental. Très mélodramatique, avec de la slap bass en pagaille, des nappes de synthés très enveloppantes, des riffs de synthé entraînants, des échos de guitares électriques qui montent et disparaissent régulièrement, c'est vraiment un chouette morceau, qui étend l'original sur sept minutes, de façon très sérieuse et pourtant avec toute la cheesyness de Kajagoogoo.
Kajagoogoo vs R.A. - Too Shy
Et l'original:
Bye
jeudi, septembre 13, 2007
Post semi-cochon
Je voulais faire un post spécial 11 septembre, le 11 septembre, mais depuis deux-trois jours je suis dans un état proche de l'Ohio, et ça m'est sorti de la tête. Bah, mieux vaut tard que jamais. Je me suis souvenu de Chris Korda, musicien (un temps affilié à International Deejay Gigolo Records) et fondateur de la Church Of Euthanasia. Il avait enregistré une chanson sur les attentats contre le World Trade Center. J'avais oublié à quel point ce morceau était fêlé. Sur son site vous trouverez le mp3, l'interview détaillant le message politique du truc, et un clip (fortement déconseillé aux enfants, pour cause de plans répétés de quéquette vivement sécouée). Les non-anglophones peuvent même retrouver une autre interview dans la langue de Poivre d'Arvor. Dans un autre registre, j'ai ajouté un lien à visiter, pour les fans de Richie Hawtin, Ricardo Villalobos, et consorts. C'est Ubercoolische. (merci à The Wire et Pierre, définitivement minimalicious). extrait (à la boulangerie):
Richie: Ricardo what kind of pastry should I get?
Ricardo: Well Richie I think the coolest pastry at the moment is definitely the eccles cake.
Magda: Ricardo, they dont have eccles cakes here, this is Ubercool Berlin, third coolest place in the world after Peckham and Bournemouth.
Richie: Well how about a hot cross bun but without the cross, you know like a deconstructed non-religious version. With just a little cinnamon and really plump juicy raisins in it. Kinda cool and minimal...
Magda: Richie, I think youve just hit on the coolest cake since the last coolest cake we got here!
Richie: Magda, how fucking cool is this?
Magda: Pretty fucking cool, Richie, and not just cool, but minimal cool!
à peluche.
samedi, août 25, 2007
Notes estivales
Bonjour à tous
- L'autobiographie de Frank Zappa est très recommandable. Il y expose des vues pleines de bon sens, telle sa déposition lue devant une commission de sénateurs américains pour statuer sur l'étiquettage des disques à caractères licencieux, dans laquelle il explique qu'une loi anti-masturbation coûterait très cher et risquerait de remplir les prisons trop vite. Il explique aussi dans ce livre avoir baptisé un de ses enfants du surnom donné à un des orteils de sa femme. Et pour tous ceux qui se demandent pourquoi Captain Beefheart s'appelait ainsi, la réponse est dans ce livre, de la bouche même de Zappa. à lire.
- écouter trois albums d'Animal Collective à la suite donne la migraine.
- Le deuxième album de l'année sorti par Matthew Dear est très bon pour écouter à fond chez soi. d'une traite.
- L'article de Philippe Coulangeon sur la stratification sociale des goûts musicaux, trouvé par hasard sur le net, est aussi illisible dans ses outils statistiques que clair dans ses rappels théoriques. Plus de détails après.
- La nouvelle version d'Intervilles n'est pas très bien. Coup de chapeau à Monsieur Lepers malgré tout. Quel talent! Je pense par ailleurs que Marseille a ourdi un complot assez vilain pour disqualifier les candidats de Nîmes au mur des champions.
- L'album de Black Strobe est définitivement bizarre.
- Phantom part II de Justice est aussi sympa que la part I était irritante.
- Quand Uffie se met à chanter j'ai envie de me crever les tympans avec un tournevis rouillé.
- L'album de Pantha du Prince est un puissant narcotique.
- Je n'ai pas la moindre idée de la façon dont If you leave me now de Chicago s'est retrouvé dans mon disque dur.
- Bon film: A Boy And His Dog. Ne pas louper les dernières minutes.
- Les petits mixs d'Optimo à choper sur leur site web sont vraiment chouettes.
- Regarder le foot en crypté sur canal plus, c'est pas si mal, au fond.
- Trouver du Dr Pepper au supermarché peut être le point culminant d'une semaine de vacances.
- Le remix de Shackleton par Villalobos est très chouette.
- D'après Pierre Bourdieu, la banane est aux fruits ce que le haricot blanc est aux légumes. Dans la même page (La distinction p. 20), il offre également les bases d'une sociologie des céréales. Avis aux chercheurs oisifs.
- I'm A Cliché est un très bon label, malgré son nom et la présence d'un disque de Tacteel dans son catalogue.
- France 3 aquitaine n'a pas parlé de la mort de Tony Wilson... Je l'apprends avec deux semaines de retard. J'étais allé le voir en conférence à Lyon, il y a trois ans. Il avait été vraiment passionnant...
- j'ai décidé de changer de police pour les articles. On se lasse de tout à force.
Pour ce qui est de l'article (à télécharger en pdf) évoqué plus haut, "la stratification sociale des goûts musicaux", de Philippe Coulangeon, revue française de sociologie, 2003, qui se veut une spécification de la thèse développée dans les premiers chapitrees de la distinction de Pierre Bourdieu, je retiens sept points pour l'avenir:
1. les goûts musicaux sont une caractéristique particulièrement classante (en tant que culture non scolaire) socialement. cf. La Distinction
2. Peterson et Simkus, 1992, avancent l'idée selon laquelle l'éclectisme caractérise les goûts musicaux des classes dominantes ; c'est du moins la dynamique actuelle. L'attirance exclusive pour les arts savants renvoie à une forme de snobisme. (≠ La Distinction, Bourdieu y soutient que les formes de cultures les plus légitimes sont les plus classantes).
3. Dictinction entre produits consommés et manières de consommer, ainsi, le goût des classes dominantes pour les arts populaires relèvent d'un « privilège de symétrie dont disposent les dominants », en d'autres termes, un « droit de cuissage symbolique » (Grignon et Passeron, 1989).
4. Distinction entre les définitions génériques s'appuyant sur des critères esthétiques et celles qui prennent en compte des critères fonctionnels
5. L'importance de l'éclectisme n'est flagrante que si on la complète par une combinatoire des genres musicaux écoutés. L'éclectisme total n'existe pas de manière significative. (cf La Distinction, dont l'étude statistique sur les goûts musicaux permet de voir qu'à l'intérieur de chaque genre musical se rejoue la hiérarchie de la légitimité).
6. Peterson et Simkus: trois phases dans l'anoblissement d'un genre, la folk phase, phase d'identification communautaire, la pop phase, phase d'industrialisation massive de la production, et la fine arts phase, phase d'adoubement élitaire
7. l'éclectisme est, selon l'analyse statistique de Coulangeon, propre à un certain niveau économique. Cette contrainte économique, cela étant, ne s'exerce pas avec la même force selon le genre musical concerné.
En conclusion, il semble que la spécification apportée par l'article est une justification, par des statistiques relativement récentes, portant sur des auditeurs français, de la thèse de Peterson et Simkus, qui corrige la thèse de Bourdieu en minimisant l'importance de la légitimité des produits culturels dans la constitution des goûts. Selon Bourdieu, une production populaire ne peut être valorisée aux yeux d'une personne éduquée que si, dans son propre domaine (par exemple la musique électronique), elle a reçu une certaine forme de légitimation (par exemple, la musique d'Aphex Twin depuis qu'il a été invité par Stockhausen à jouer dans son festival). Coulangeon démontre que l'éclectisme des classes dominantes n'implique pas nécessairement cette validation annonciatrice de reconnaissance institutionnelle ; cela étant, cet éclectisme reste un privilège de classe. (nota bene: je ne vois pas trop en fait en quoi cela diffère de la thèse de Bourdieu, ça me semble être en fait exactement ce qu'il dit).
Pour ce qui est de la musique électronique, je pense que les points évoqués peuvent être facilement vérifiés:
1. la prédilection des journaux musicaux, de The Wire à Trax en passant par les Inrocks ou Pitchfork Media, pour les portraits en blind test ou en inventaires discographiques confirme l'hypothèse première.
2. Le contenu de ces portraits valide la seconde hypothèse (cf. portrait de James Murphy). Un blog tel que celui des Dirty Soundsystems, collaborateurs de Colette, prouve également le prestige de l'éclectisme.
3. Je me souviens d'une exposition Ninja Tune au Palais de Tokyo, preuve de l'attirance des lieux institutionnels huppés pour les musiques urbaines populaires. Ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres du « privilège de symétrie » des classes dominantes. Je suis sûr que vous avez vos propres exemples.
4. Le discours critiques sur la musique électronique mêle en effet des catégories classant la musique selon des caractéristiques esthétiques (house, techno, electro, etc) et des catégories classant selon la fonctionnalité, le mode de consommation (intelligent techno, IDM, dance, etc).
5. L'institution (revue, salle, label, etc) la plus éclectique n'est jamais complètement éclectique: un label aux activités et aux musiques aussi variées que Jarring Effects ne proposera pas de house filtrée façon French Touch, irréconciable avec ses prétentions politiques. De même, le Paris Paris ne propose pas de créneaux aux formes de musiques promues par Jarring Effects, même si des recoupements partiels sont possibles.
6. L'histoire de la techno valide cette affirmation numéro 6. La fac de musicologie de Rennes propose même un cours sur la techno.
7. Il est évident que l'éclectisme coûte des sous ; pas tant pour se procurer la musique, grâce aux téléchargements, que pour acquérir un tant soi peu de discours sur les musiques écoutées, sans quoi l'éclectisme serait purement arbitraire. Il faut donc, au minimum, acheter des revues, aller à des concerts, où on est susceptible de discuter avec des spécialistes, et se procurer quand même quelques disques, pour concrétiser son attachement aux genres pratiqués et avoir quelques gages de bonne foi mélomane.
J'en profite pour rajouter cet article de Laurent Tessier, daté de 2003. Il ne s'appuie malheureusement pas sur des éléments statistiques ni sur une enquête très méthodique, mais offre quelques pistes intéressantes sur le versant politique des cultures techno, en prenant pour objet les free parties. On peut déplorer quelques facilités, le rappel historique clairement orienté à la faveur de la thèse soutenue, par exemple (et pourtant l'auteur rappelle la difficulté réelle de tracer une histoire de la techno), ou le parallèle douteux entre les politiques publiques de gestion de la toxicomanie et la legislation sur les fêtes techno.
Ce qui me paraît surtout intéressant, c'est la volonté, que l'on peut relever dans de nombreux essais de théorisation des phénomènes techno, de vouloir poser la question de la dimension collective. Comme toute scène musicale, la musique électronique s'appuie sur un réseau de structures sociales spécifiques: labels, associations, salles de spectacles, boîtes, forums internet, presse spécialisée, etc. Laurent Tessier réfute la lecture communautariste du mouvement techno proposée par Michel Maffesoli (la fête techno comme retour de l'imaginaire orgiaque hippie), mais ne manque pas lui même de passer de la consommation musicale à la revendication d'un mode de vie collectif, fût-il l'opposé de celui décrit par Maffesoli. Pourtant, il ne me semble pas évident de vouloir voir de la communauté, qui plus est homogène dans toutes ces structures. Au fond, s'il y a un modèle social techno, à quoi ressemble-t-il? Dur à dire. C'est là que l'article de Tessier me paraît plus convaincant: il repère bien le caractère ad hoc du contenu idéologique des free parties, assemblage plus ou moins original de contre-culture punk et de collectivisme alter-mondialiste. Il relève, par exemple, que le collectif Technopol est né d'un besoin des organisateurs de lutter contre l'association des patrons de boîtes de nuit lyonnaises, leur rival auprès de la préfecture, et non pas d'une volonté de fédération communautaire. Chercher à lire un modèle politique dedans reviendrait à occulter l'implication très sporadique des différentes acteurs dans ce milieu (seule une fraction infime des teufeurs en font leur vie) et sur la dimension proprement élitaire de ce milieu, qui s'affiche comme réseau d'initiés.
Quoi qu'il en soit, ça mérite d'être lu et ça fait réfléchir aux connexions entre une scène musicale donnée et son contexte social d'écoute. Par exemple, qu'est-ce qu'un label? Voilà une sacrée question.
En vrac:
- Au détour d'une rediffusion nocturne de Capital, j'ai appris que David Guetta facture ses prestations de Dj jusqu'à 25000€, que Bob Sinclar lui fait une ristourne quand il se produit dans les soirées Guetta, soit seulement 15000€ (même si dans le reportage, à la question « jouez-vous gratuitement pour votre ami David? », il répond « Bien sûr. ». C'est Guetta lui-même qui rectifie ce détail financier devant la caméra.), qu'une soirée Guetta à Ibiza coûte 35000€ à organiser et qu'elle rapporte un peu moins d'un tiers du cachet de David en bénéfice. Apparemment les bénéfices sont plus symboliques que financiers, une bonne soirée à Ibiza permet de faire fructifier par la suite les autres produits Guetta: prestations dj, parfums, disques, restaurants. On y a vu aussi David nous présenter son set-up de producteur, et soutenir qu'avec 5000€ de budget on est équipé à vie (il dispose visiblement d'une platine cd, d'un portable mac et d'un controller midi), ce qui ne manque pas de sel de la part d'un type qui devant les mêmes caméras de M6 il y a quelques années ne faisait pas mystère du fait qu'il ne produit pas lui-même sa musique (on le voyait donner ses consignes à Joachim Garraud et expliquer qu'il ne lui paraissait pas utile de faire lui-même ce que Garraud pouvait faire mieux et plus vite). Il nous a expliqué comment il en est venu à sortir son remix de Bowie (qui aurait « adoré » son remix), en expliquant que ce single était co-produit par lui et le management Bowie. D'après le journaliste, il perçoit 5% des royalties du morceau. Je ne sais pas si vous avez regardé, en tout cas, c'était rigolo, il force la sympathie le bougre, il faut bien l'avouer.
- Un jour, j'ai vu un reportage sur Justice dans le journal de 20h de TF1. On les présentait comme le nouveau phénomène de la musique électronique (et la présentatrice, Lapix, s'est empressé d'ajouter, « une fois de plus, ce sont des français »). On les a vus toucher leurs ordis en public et parler autour d'un petit verre backstage, ils expliquaient que leur succès était dû au fait que, n'ayant pas de background electro, ils n'avaient pas à assummer l'héritage militant de ces genres. C'était étonnant comme réponse, la question devait être bizarrement tournée. Le journaliste en voix off soulignait aussi que le symbole de la croix contribuait au succès; le reportage concluait ainsi sur les visuels du groupe, un des deux gars disant qu'ils collaboraient étroitement avec un graphiste (leur profession initiale) pour définir « l'identité picturale » du groupe.
Et enfin, j'ai bricolé un deuxième mix, en assemblant une douzaine de morceaux dans Ableton Live. C'est un peu comme un film pour les oreilles, un film qui retranscrit avec brio l'intensité de ce moment délicat qu'est l'épreuve du feu de camp.
1. Ennio Morricone - Victima Pascbali Laudes
2. Cosmo Vitelli - Delayer (Quiet Village Remix)
3. Force Of Nature - Liberate
4. Jan Hammer - Crockett Theme
5. Antenna - Camino Del Sol (Todd Terje Remix)
6. Tricky Disco - Tricky Disco (Plone Remix)
7. Lucien N. Luciano - Una Cancion
8. Naughty - World Of A Woman
9. Random Factor - Convergence
10. Stereo Total - Das Erste Mal (Justus Kohncke Remix)
11. Afx - Analogue Bubblebath 4 (Track 2)
12. Baby Oliver - Hypocondriac
13. Chicago - If You Leave Now
c'est là: clic
bye
samedi, juillet 21, 2007
Pensées estivales
dans deux-trois jours je vais disparaître en vacances; mais, avant de partir, je voulais vous laisser un peu de quoi penser. je me baladais dans last fm l'autre jour, et je suis tombé sur la bio française de Frank Zappa, qui comporte quelques citations. ce n'est pas ma passion, d'ordinaire, les citations, mais j'aime bien ça en fait, comme tout le monde, et celles-ci sont assez chouette. les voici, je n'ai rien trié, il y a du bon et du moins bon:
"Art is making something out of nothing and selling it."
"Communism doesn't work because people like to own stuff."
"Everybody believes in something and everybody, by virtue of the fact that they believe in something, use that something to support their own existence."
"I think it is good that books still exist, but they do make me sleepy."
"In the fight between you and the world, back the world."
"The United States is a nation of laws: badly written and randomly enforced."
"Without deviation from the norm, progress is not possible."
"Rock journalism is people who can't write interviewing people who can't talk for people who can't read."
"Information is not knowledge; Knowledge is not Wisdom; Wisdom is not truth; Truth is not beauty; Beauty is not love; Love is not music; Music is the best."
J'aurais pu écrire la quatrième, c'est troublant. La dernière est évidemment la plus marquante. La première est sans doute celle qui servira le plus en contexte mondain, pour distraire vos groupes d'amis chics.
mardi, juillet 10, 2007
Compagnon estival
Les titres:
1. (Le Dangereux) Yoni - Intro
2. Force Of Nature - Traderoute
3. Kikiorix - Plastic House (Phonique Mix)
4. Justin Martin - The Fugitive
5. Kid D:ub - Genius (Sasse mix)
6. James Figurine - 55566688833 (Superpitcher & Tobias Thomas Mix)
7. Ajello - I wanna Be Italian Too (Maximilian Skiba mix)
8. Frank Zappa - Canard Du Jour
9. Solvent - My Radio (Extended Mix)
10. Orchestral Manoeuvres In The Dark - Bunker Soldiers
le lien: http://www.mediafire.com/?4umb0mb2slb
edit: on me signale que ce mix est bien aussi pour se sécher après une averse. à essayer chez vous.
edit 2: pour coudre aussi apparemment.
mardi, juin 19, 2007
Traxthon
mercredi, juin 13, 2007
Nuits sonores, bilan
Le fait d’installer pour les trois nuits les concerts aux subsistances n’a fait finalement qu’entériner la dualité musique électronique “dance”/musique électronique “cérébrale”, la première dans la cour la seconde dans le hangar, qui caractérisait déjà les années précédentes, mais que la circulation dans les gros sites du sud de la presqu’ile atténuait. Il a manqué à la programmation du plateau “dance” un poil d’audace pour vraiment avoir l’air d’autre chose qu’une grosse usine à danse au son foireux. Le spectacle est d'ailleurs assez rigolo quand on y réfléchit (je vous renvoie à ces pages de Bourdieu que j'ai scannées, en particulier la page 116 sur la danse comme "signum social"; c'est dans Le Bal des Célibataires). Il y a eu de bons moments malgré tout (j’ai bien aimé le set très simple d’audion, certains passages de james holden, l’enthousiasme d’agoria, la précision des arrangements du live d’Apparat). je n’ai pas assisté à la troisième nuit. la perspective d’un plateau programmé par le magazine trax ne m’enchantait guère, entre autres raisons. La scène du hangar était moins fréquentée: il faut dire que les temps d’attente entre deux concerts étaient un peu longs. je ne sais pas pourquoi ils ne switchaient pas vers un dj chargé de meubler les transitions avec une installation branchée en permanence dans un coin de la salle, comme cela se fait dans de nombreuses soirées à concerts multiples. D’autre part, les performances étaient assez hasardeuses. je pense qu’en caricaturant la programmation de ce plateau orienté “alternatif” on pourrait dire que cette musique électronique consiste principalement à aligner des femmes qui crient avec des synthés vintage sur des rythmes rockabilly. Ce n'est pas totalement injuste de dire ça, à mon avis. Dans cette partie là des nuits, j’ai aimé Large Numbers, le groupe de l’ex-Add (N) to X et Stereo Total. Je me souviens avoir entendu d’autres trucs pas mal mais en relisant le programme un mois après rien de précis ne me saute à l’esprit.
-en dehors des nuits j’ai pas vu grand chose. J’avais tenté la pré-soirée sur le toit de Perrache, la première carte blanche à New York, et je me souviens que Juan MacLean avait vraiment bien assuré malgré le froid et la pluie. A ce point là de la soirée le public ne savait pas qu'il allait passer la nuit entière sous des torrents de flotte, et dansait gaiement en plein air, sous la pluie. je me suis bien amusé.
-le concert dans la chapelle de la trinité était bien.
bon, voilà tout, comme ça c’est fait. la photo de james holden vient du site des nuits sonores.
Un petit morceau pour la forme:
Tundra - The Rivulet (Jesse Somfay delysid love mix)
"Eventually the Sun Will Radiate, Nestled within its Ghostly Corona, Once More"
On peut ne pas être d'accord avec ça
vendredi, juin 01, 2007
Promotion du futur
Lcd Soundsystem offre des bouts de code à recaser sur son myspace/blog/etc sur leur page myspace, pour "spread the love". Comme c'est aimable!
mercredi, mai 30, 2007
Blogging paresseux: la suite
J'avais lu ça et là que le montréalais était un gars assez rigolo, là on peut le vérifier facilement. Allez y pour vous claquer les jambons, et vous récolterez en plus en plus quelques références de disques sympa à noter. En termes de business b to b, je dirais que c'est une situation gagnant-gagnant.
Ne ratez pas l'interview chaotique de James Murphy par téléphone interposé dans le premier épisode, alors que le boss de dfa est dans sa voiture en train d'écouter un match de foot avec Nancy Whang. Il passe même de la trance (et invente même le terrifiant adjectif "trancetastic"...). et il est lui aussi fan de foot européen.
edit: la vanne sur le "génie" de digitalism est définitivement à ranger dans les points forts du truc.
edit edit: vous ai-je dit que je vais voir Battles en concert ce soir? je suis tout excité!
vendredi, mai 25, 2007
Un bon polar pour l'été
De quoi se mettre en appétit en attendant son album, dont le titre semble dévoilé dans l'entretien.
mardi, mai 22, 2007
piloo piloo
Pour les amateurs de ce genre de sons, l'après midi du 9 juin au parc de la villette a paris devrait être pas mal: Black Devil Disco Club et Dirty Soundsystem en concert gratos dans le cadre du festival Villette sonique. j'y serai.
samedi, mai 05, 2007
Quand le paris paris se moque de la plèbe
Le Paris Paris décide se moquer un peu de la house de masse façon clamaran. le post est un peu étrange, avec cet avertissement selon lequel on doit endurer 2'30 de souffrance avant de pouvoir rigoler un bon coup. A l'arrivée, pas de quoi se claquer les jambons, mais au moins grâce à ce post, j'ai pu découvrir Grégory Talon, fan apparent du paris paris qui laisse son petit commentaire ironique. C'est bien, on fait d'une paire deux couilles: on en apprend un peu sur les mentalités des promoteurs de house populo et un peu sur la clientèle du paris paris. un clic utile en somme.
mardi, mai 01, 2007
Musique pour fin de barbecue bucolique
Le nouveau Kelley Polar se profile à l'horizon. ça s'annonce pas mal.
Il y a aussi une version quicktime: ici.
Environ records a signé un nouvel artiste aussi: Baby Oliver. à suivre. pour les amateurs de disco. c'est à dire tout le monde, que vous le sachiez déjà ou non.
vendredi, avril 27, 2007
Fais péter
Je viens de lire une interview d'Alexkid, un poil complaisante et promotionnelle, mais qui contient une idée qui me trotte dans la tête en ce moment. Il souligne le fait que la musique électronique, même soumise à l'impératif d'être jouée en club, devrait être plus innovante. En effet, il est difficile à mon sens de ne pas partager de ce sentiment de ressemblance d'une grosse partie de la production électronique de club. Quiconque écoute une partie des sorties hebdomadaire, sur beatport par exemple, se doit de constater le nombre de morceaux absolument conventionnels, clones de hits de l'année passée, criblés de tics de production répétitifs, presets de synthés réitérés de maxi en maxi (je pense notamment à tous les remix de Claude VonStroke qui entretiennent à des degrés divers un air de famille avec son tube de 2006), et autres arrangements percussifs tapageurs mais un peu ennuyeux au fond.
il est intéressant de noter certains principes très peu remis en cause: construction par superposition de boucles, stabilité du beat (les breaks tels que celui du Drumtrax de Joakim où le beat ralentit puis réaccèlère soudainement sont peu fréquents dans les cultures techno ou house), combinaison boîte à rythme/synthé quasi immuable (on entend par ci par là un peu de guitare, quelques voix mais rien de significatif). Au fond, malgré la numérisation de la chaîne de traitement du son, on en reste à un système encore assez proche du set-up d'un groupe de synth-pop des années quatre-vingt. On peut considérer ce format comme une contrainte à l'intérieur de laquelle on peut déployer une forme d'expérimentation plus ponctuelle, finesse de la production, des réglages de synthés subtils, sampling, travail progressif sur la texture du son, intégration de voix, recherche du groove parfait, mais il est malgré tout notable que le refus de ces cadres de base signifie presque automatiquement la catégorisation "electronica", et donc un régime d'écoute différent. On sent certains producteurs mal à l'aise dans ce système, par exemple James Holden (extrait de son blog/site perso):
"i got lucky last week, music-wise. thursday, kieran hebden & steve reid totally blew us away - like the best rave-music set ever, and entirely played live. that's live as in: no sequencers, which requires balls.
i left that gig thinking they'd made me want to dance more than any dj i'd seen for years and a bit dispirited about techno which lasted until saturday when dj koze musically slapped some sense into me. he's the best dj of all djs. and also the funniest living german too. and his new song 'all the time' is amazing, beautiful post-techno."
Comme souvent avec son blog, en quelques phrases il fait jaillir pas mal d'idées sur la situation de la musique de club. Il note une relation de cause à effet entre le plaisir pris et l'absence de séquenceur (qui en gros garantit à lui tout seul deux des principes immuables notés précédemment, le système de boucles et la combinaison synthé/boîte à rythme). Il est vrai que le séquenceur, même virtualisé sous forme de logiciel, oriente déjà le genre du morceau et sa structure. Il est rare aujourd'hui d'échapper au système traditionnel intro-beat seul, pause, beat+synthé, répétition avec ajouts progressifs de boucles périphériques, break, montée et reprise du beat-synthé avec un gros synthé qui conclut le tout. Parmi les voies que ne semble pas prendre l'électro de club, il y a donc celle d'un rythme souple, joué de façon live autour duquel on pourrait imaginer le morceau se construire. La popularisation de la norme midi et la façon dont sont conçus la plupart des logiciels de musique (protools, digital performer, traktor, ableton live, logic...) peut expliquer ce constat, sans même évoquer les causes plus sociales de respect des attentes présumées d'un public.
Une autre voie que n'a pas empruntée la musique de club est celle de l'écriture intégrale de la partie mélodique. Si l'on peut concevoir qu'une musique voulant faire danser s'appuie sur un beat répétitif, facile à intégrer pour le public, il n'en va pas forcément de même avec l'idée de thème répétitif au synthé. Si dans certains cas cette répétitivité est combinée à un travail sur le son faisant apparaître une progression, il faut bien admettre que globalement la question n'est pas posée par le producteurs. La proposition d'un Frank Zappa dans Jazz From Hell est finalement restée lettre morte: il s'agit d'un album instrumental, de musique électronique, presque entièrement programmé, à quelques exceptions près. Le beat, quoique soigneusement préparé, est simple, et la partie mélodique est constituée de lignes de synthés qui travaillent le thème du morceau comme un solo de guitare peut travailler un riff, avec de multiples variations et une recherche de la non répétition, produisant ainsi un effet grisant par la virtuosité de l'ensemble. J'ai beau chercher, je ne vois pas trop d'équivalent dans la musique de club récente, il doit y en avoir, mais ça ne me vient pas trop à l'esprit spontanément. Je ne voit que des morceaux où l'idée de progression consiste, je dis ça pour caricaturer, à rejouer le même thème de plus en plus fort. On dira "quelle boucle!".
Forcément, comme dans le cas de James Holden, ça rend un peu triste de se dire ça. Un dj qui jouerait un titre sortant de ce paradigme boucle de synthé/beat répétitif verrait la piste se vider fissa, et ainsi les producteurs ayant l'ambition de faire danser les gens commencent par penser leur morceau dans ce format; c'est le cercle vicieux. On pourrait arguer que la mécanique de la destructuration de ce format commence à prévaloir comme modèle de musique à impact direct sur le public. Un James Holden pousse ses synthés vers des degrés de dissonnance assez conséquents et travaille ses beats jusqu'à un certain niveau d'abstraction, c'est vrai. Je ne sais pas à quel point la remise en cause du format va s'amplifier. Un lecteur malpoli me faisait remarquer que le Phantom de Justice déforme le sample des Goblin pour susciter une forme de dégénérescence jouissive du morceau, mais ça me paraît assez décoratif, cosmétique, comme subversion de la norme musicale. Etant donné l'état des outils technologiques, produie ce type de déformation ne relève pas d'une réflexion sur le genre mais d'un constat d'une certaine forme d'efficacité de certains "trucs" de production. Il suffit de regarder la liste de plug-ins fournis avec Ableton Live, on y trouve par exemple un "beat repeat", qui se charge, moyennant quelques clic rapides, de destructer un sample ou un beat, mimant les procédés qu'obtenaient un groupe comme Autechre il y a dix ans, par un travail profond sur leurs machines pour tenter de les faire fonctionner de manière non-conventionnelle. On trouvera même des fabriquant de plug-ins dédiés spécialement à la production d'outils voués à ce genre de mécanismes: les Destroy FX par exemple.
Je pense qu'il y a là une forme de tension révélatrice d'un certain état de l'electro. Face à la simplification du travail par les solutions logicielles, une ligne de partage se trace entre différentes pratiques: les tenants du tout-machine traditionnelles, tel Vitalic, misant sur une certaine idéologie du travail bien fait, méritoire, les artistes travaillant à l'ordi intégralement pour raffiner le travail sur le son, mais choisissant de rester dans les cadres préexistants, musicalement parlant, tel Random Factor ou Booka Shade, ceux qui sont passés au numérique mais s'imposent des contraintes personnelles pour maintenir leur "patte" personnelle au sein même du set-up, je pense à The Field, qui dans cette interview explique qu'il ne travaille qu'avec un logiciel de 1995 et dans les conditions du live pour produire ses morceaux, et ceux qui essayent de se placer volontairement en avant-garde, avec ce que ça peut impliquer de pose et d'artifice. On pourrait penser à James Holden, bien forcé de communiquer sur une image de franc-tireur nerdy. Il a pu dire par-ci par là qu'il expérimentait avec des programmes comme Max/Msp, environnement de programmation ne déterminant pas nécessairement le format final du morceau. Il est dur de savoir la part de ces expérimentations dans sa production de musique pour club. Dans l'extrait cité il pose comme connue cette catégorie nommée "post-techno", on imagine qu'il s'y voit dedans, sans doute.
Il y a plus à dire sur les chemins que n'a pas pris l'électro populaire au cours de sa constitution, laissant au champ de l'avant garde musicale la liberté de forme, mais là j'ai pas envie.
un petit morceau:
Kieran Hebden & Steve Reid - The Sun Never Sets
James Holden en dit du bien, ça suffit à me donner envie de l'écouter. Il est vrai en plus que de savoir la part d'improvisation dans la méthode de travail du duo explique pas mal le côté jouissif des changement de rythmes à la batterie, des déclenchement intempestifs de samples et de riffs de synthés, finissant par ramener dans un format quasiment free jazz un peu du plaisir que procure un bon gros morceau de techno arrivant à son climax. ça vient du nouvel album, Tongues.
mardi, avril 24, 2007
Alternatives, mon cul ouais
Après avoir écouté l'émission Alternatives, sur france inter, seule émission de radio nationale entièrement dédiée à la musique électronique, du moins la seule que je connaisse, je me suis posé une question: est-ce que comprendre le concept derrière un groupe équivaut à aimer ce groupe? L'animatrice de ce baromètre de tendance, ni très critique ni très fûté, semblait étayer ses "coup de coeur" par des descriptions génériques qui semblaient suffire à justifier la défense de tel groupe contre tel autre. Par exemple, elle évoquait l'album de Black Strobe à sortir, et que tout le monde semble déjà posséder (ça remontera peut-être le moral d'Ivan Smagghe, perdant du revirement rock du groupe; il analyse la séparation ici, et distille deux trois pensées qui font cogiter dans le bon sens des neurones), en disant qu'il s'agissait d'un super disque parce que c'était un mélange de dark wave, de metal et de disco. Je ne voyais pas en quoi ça augurait de la qualité du disque. Au mieux ça indiquera au disquaire ce qu'il faudra écrire sur l'étiquette du disque avant de le classer. L'invité-sélectionneur par ailleurs n'était pas un producteur de musique ou même un journaliste mais un promoteur de soirée, et ça m'a paru bien spécifique au monde de la musique électronique dansante. Je n'ai pas de souvenir, en repensant à des lectures sur le rock ou d'autres types de musique, d'entretiens avec des promoteurs de concerts ou des tourneurs.
Il semble que la musique électronique soit incapable de parler pour elle-même, elle doit subir un certain décryptage, en particulier lorsqu'on parle de techno ou de house intrumentale, musiques un tantinet abstraites et dont les références, les attitudes de producteur, sont moins lisibles que celle d'un morceau de rock par exemple. Les musiques de club forment un panel d'offre qui n'est pas facile à adapter à une demande. Pour ainsi dire, la demande est à la base inexistante. Le rôle social de ces musiques ne semble pas dépendre d'un groupe social donné, qui assurerait la pérennité de la scène. A priori, on ne grandit pas dans une culture "techno" ou "house" avec l'envie de devenir producteur de ce genre de musique. Le premier réflexe de celui qui , à un point de son parcours, veut participer à la scène électronique, me semble être de manière générale l'achat de platines. Le Dj est celui qui représente la musique de club. Il y a là une attitude à s'approprier, un savoir faire à dompter, une image à composer qui permet de se construire à moindre frais une identité sur la scène. C'est comme s'acheter une guitare pour jouer dans les fêtes. Là où le rockeur se définit non seulement par les groupes qu'il veut singer, tout groupe semblant se fonder par la pratique de la reprise, mais aussi par le choix de son intrument, le Dj se définit par ses disques. Sa performance est la démonstration d'un choix de consommation. Comme tout comportement consommateur, on postule une cohérence dans les choix qui permettrait de recomposer une figure rationnelle idéale qui emploie avec intelligence son capital.
Une émission telle qu'Alternatives, c'est donc ça à mes yeux, un guide raisonné de consommation, où on trie ses disques en fonction de la combinatoire infinie des catégories de base. On signalera un mélange inattendu, un groupe d'electro à l'attitude rock, un projet techno aux influences dub, etc. C'est au fond tenable comme conception, et on pourrait imaginer une hiérarchie des musiques de club selon leur degré d'hybridation, et une hiérarchie des auditeurs selon leur capacité à décortiquer les différentes composantes d'une production donnée. pourquoi pas. ça ne couvre pas tout mais ça explique certains phénomènes. sans doute.
D'autre part, je suis allé lire quelques forums sur Justice, pour savoir ce que les gens en disent, ça me rend curieux tout ça. et je constate l'incroyable goût pour l'hyperbole des fans (en gros le groupe va abolir toutes les barrières de toutes les catégories musicales et sociales de france et d'Europe) mais aussi la violence des attaques contre les voix dissonantes qui se risquent à traîner dans ces espaces. Depuis ça me fait réfléchir à une espèce d'envers du buzz, à un côté sombre de la hype, quand les thuriféraires deviennent si investis du message qu'il portent qu'il en viennent à se sentir personnellement responsables du respect de l'objet promu. Je sais pas. à vous de voir. je le sens comme ça. Juste pour rigoler je vous renvoie au forum Institubes, haut lieu de la buzzerie francophone, le topic sur l'album solo de tekilatex, où un internaute dit avec génie "moi ça me tarde de voir sa promo et les interviews". juste brillant.
pour renouer avec l'habitude de filer un mp3 pour garnir le post, j'ai choisi de filer le remix de Frankie Valentine par Henrik Schwarz.
Frankie Valentine - Zumbi (Henrik Schwarz dub remix)
Je ne sais jamais trop si je vais aimer ou non un morceau de Henrik Schwarz, toujours à la limite de la préciosité dans ses arrangements de percu et de piano. Là je trouve qu'il a tapé dans le mille, comme pour son remix d'Alex Smoke ou sa collaboration récente avec Jesse Rose (quatorze minutes de bonheur). Parfois il verse franchement dans le côté un peu quality street de la house un peu lounge qu'il pratique (cf certains choix de remix genre Camille ou certains des titres qu'il a sortis sur son label Sunday Music). Ici, il dépouille l'original de la plupart de ses ornements soul pour ne garder qu'une structure un peu tribale, guidée par un kick super strict qui marque l'appartenance house de l'ensemble et garnie de percus super bien arrangées. Il attend la moitié du morceaux pour introduire des éléments harmoniques; d'abord des nappes de synthés assez sombres et par la suite des accords de piano qui remplacent progressivement des éléments percussifs, un peu à la manière des claviers dans la techno de Detroit. La petite touche inattendue et très réussie je trouve c'est le traitement de la nappe de synthé à 4'30, dont la texture devient soudain rugueuse, sans doute par un changement de la fréquence d'échantillonage du son ou par l'introduction d'une dose de bruit blanc dans l'onde du synthé, qui rompt le côté faussement référentiel du morceau, celui-ci se présentant jusque là comme une pseudo captation de musique live bien ordonnée. ça capte l'attention immédiatement, enrichit les harmoniques de la nappe et fait regretter que le morceau approche alors sa fin. En termes de catégorie je pense qu'on dirait que le morceau mêle traitement du son façon techno minimale allemande, mixe les percus et les claviers façon techno Detroit, et puise ses références dans la soul et la world music. je pense que ça en fait donc un bon morceau certifié et de moi un bon auditeur que l'on se gardera bien de critiquer en commentaires.
samedi, avril 14, 2007
Skiplist #1
c'est parti, dans le désordre:
1/ Phantom, de Justice. Les pouliches de Pedro Winter démontrent une inventivité en terme de sampling qui n'est pas sans rappeler les talents d'acteur de Patrick Bosso. Le morceau est écoutable sur le myspace de Ed Banger records. voilà l'original: Tenebre, par Goblin. La référence est sympa, on aime bien ressortir ses vieilles musiques de film d'horreur, c'est rigolo, mais quand on se contente de reprendre le thème en le tripotant un peu, de le garnir de quelques riffs saturés périphériques, de quelques touches de basse et pouf, a-t-on vraiment intêret de présenter ça comme un morceau original? je ne voudrais pas m'embarquer dans une discussion sur les mérites du sampling, je veux juste faire remarquer qu'en musique électronique la catégorie du remix est tout sauf honteuse, ce n'est pas de la création de seconde zone. Pourquoi ne pas juste avouer qu'il s'agit plus d'un Tenebre (Justice mix) que d'un Phantom? ça me dépasse. Le fait que je les trouve gravement surévalués n'est pas étranger à ce sentiment. J'ai écouté aussi "BEAT" sur leur myspace et ça me conforte dans mes idées.
2/ Chromophobia, de Gui Boratto. Franchement, quel mouche a piqué l'ensemble de la presse et de la blogosphère pour dire que ce disque est un des meilleurs albums de l'année? c'est quand même dingue qu'un tel agrégat de tracks poussifs et lourdauds s'attire autant d'éloges. Il doit y avoir un truc qui m'échappe. Il est marrant de voir que le titre qui semble cristalliser les qualités du disque soit le "beautiful life" de la fin du disque, sorte d'équivalent musical d'une tartiflette froide un lendemain de fête, ça pèse un peu quand même.
3/ Scratch Massive. No comment. Leur carrière brillante se poursuit.
4/Just Jack. J'ai même pas envie d'en parler.
5/ le deuxième album des !!!, Myth Takes . j'ai cru comprendre que certains l'apprécient, je peux le concevoir, cela dit, à mes yeux, avec ce disque, le groupe rentre dans le rang.
6/ Le nouveau maxi de Sex In Dallas. La maison de disque a beau agrémenter le tout d'un remix par Isolée, rien n'y fait. Déjà bien merdeux à son apparition comme fossoyeur de l'électroclash, le groupe inspire maintenant la pitié plus qu'il n'agace.
7/ tous les derniers maxi de Kitsuné. Pathétiques. mention spéciale au groupe Passions avec "Emergency". Quelle originalité!
8/ Tout Trentemoller. A éviter comme la peste. J'ai entendu dire que certains de ses fans sont morts étouffés dans la guimauve. info ou intox? dans le doute, abstenez-vous.
9/ Plein d'autres trucs.
vendredi, avril 13, 2007
ça médite le retour
je me baladais sur la grande toile quand soudain je trouvai ce blog:
Palms Out
Faites passer à vos potos. poti. whatever
edit: j'ai poursuivi la lecture du post de palms out sounds, que j'avais parcouru en vitesse, et j'ai vu le petit débat qui anime les commentaires, encore assez vif pour un morceau déjà assez vieux, presque deux ans. c'est sans doute lié à la grande vitalité de la référence daft punkienne dans les développements récents des scènes musicales électroniques. beaucoup de groupes sont identifiés nouveaux daft punks, quand ils ne revendiquent pas eux-mêmes l' héritage. On se rend compte que ce qui se joue ici n'est pas seulement une manière de faire de la musique mais aussi certaine idée de la société, mélange encouragé par le groupe lui-même. le débat n'est pas inintéressant non plus pour cerner les positions des auditeurs sur des questions de sampling en musique.
Le morceau "robot rock" fait évidemment figure d'exemple chaud, vu la nature très minimale de la retouche des frenchies. Certains sont un peu dégoûtés de découvrir que tout le fun du morceau provient du travail d'un autre groupe. j'aurais tendance à me joindre à ce groupe d'auditeurs, dont l'un clame "i just realized there is no santa". toute l'astuce du groupe, le ressort principal du troisième album, est justement d'avoir poussé à l'extrême ce qui constituait une critique récurrente depuis leur éclosion commerciale: à savoir une méthode de travail basée très clairement sur l'emprunt, parfois éhonté, à des oeuvres préexistantes, et pas toujours de façon avouée.
Un des commentateurs de l'autre blog prétend qu'en lisant attentivement les notes de tous leurs disques on retrouve des crédits pour tous les artistes samplés. perso, j'avais acheté Discovery à sa sortie (soit dit en passant il reste un de mes disques favoris hein) et je me souviens assez nettement qu'en réalité un très petit nombre de samples sont déclarés dans le livret, la communication du groupe étant même basée à l'époque sur l'idée que contrairement à Homework, l'album était presque complètement joué. Quelques mois plus tard on avait compris que tous les morceaux sauf un ou deux tournaient autour d'un sample musical emprunté.
Human After All s'ouvrait donc sur ce truc de trois minutes, qui est réalité un sample mis en boucle avec, pour ainsi dire, rien autour. la démarche m'apparaît extrêmement roublarde, vu qu'elle a effectivement polarisé le débat entre les fans puristes louant la dimension quasi-conceptuelle de l'entreprise, en citant les titres des morceaux de l'album comme autant de preuves d'un discours exemplifié en action par l'album ( en gros, dénonciation ironique, cf titre de l'album décrivant exactement l'inverse de ce le disque contient, d'un mode de vie déshumanisé par la société médiatique de consommation, dénonciation d'autant plus probante que l'album lui-même entend rafler le pactole à moindre frais) et les autres, les pisse-vinaigres, les haters, qui n'ont pas compris. et comme souvent avec ce genre d'entreprise, quoiqu'on pense on a tort.
Avancer, comme je le pense, que l'argument est fallacieux, puisqu'au fond prouver ce genre de thèse en faisant cracher du fric au consommateur (tout le monde ne le télécharge pas, quoiqu'on en pense) est assez douteux, cela revient à faire comme si on n'y a rien compris. à l'inverse, célébrer leur disque comme démarche multimédia performative, en soulignant la cohérence du discours environnant la sortie, "on ne donnera pas d'interview, le disque parle de lui-même", c'est s'interdire de voir que le projet politique du groupe est sans doute secondaire et apparaît comme justification a posteriori d'une création paresseuse. dans tous les cas, c'est Daft Punk qui a raison. fils de pute. Comme quoi, même pour secouer les dancefloors, il n'y a rien de tel qu'un soupçon de politique. Vivement le prochain album, "Fuck Bourgeoisie" ou " Computer Le Pen", j'imagine, avec un single "money does'nt matter" qui samplera un discours de Guy Debord sur fond de Martin Circus avec un beat bien phat pour faire péter les enceintes. Là on pourra écrire "et le pire c'est qu'on adore!".
edit de l'edit: il me revient à l'esprit qu'à l'époque je m'étais fait pincer à la fnac en train de chourer l'album Human After All. il y a sans doute une métaphore politique là dedans, si on y réfléchit. forcément.
edit (ter): je viens de voir qu'il existe même un article de la wikipedia sur la chanson, prouvant encore, si besoin était, que la démarche a fait mouche. l'article de la wiki est d'ailleurs assez rigolo dans sa tentative de démonstration de la pertinence du titre, en signalant par exemple que la face B fonctionne sans le sample, comme pour dire que, finalement, le reste ne doit pas être si pauvre ça pour remplir six minutes de plus.De manière assez marrante égalemet, l'article cite une phrase de la critique par stylus magazine, comme exemple de propos assassin ayant accompagné la sortie du single. pourtant, à lire la critique en entier on comprend qu'en réalité cette phrase, "a plastic guitar riff that does nothing, means nothing and goes nowhere for an unconscionably long time", entend démontrer au contraire l'acuité très postmoderne, et donc chouette, de la chanson.
c'est dire si l'on finit par en dire des conneries à force de parler de ce disque. c'est sans doute la force du groupe! non je déconne. pfff. au moins ça me redonne envie d'écouter Europe.