mardi, avril 24, 2007

Alternatives, mon cul ouais

Quelques remarques diverses avant les nuits sonores:

Après avoir écouté l'émission Alternatives, sur france inter, seule émission de radio nationale entièrement dédiée à la musique électronique, du moins la seule que je connaisse, je me suis posé une question: est-ce que comprendre le concept derrière un groupe équivaut à aimer ce groupe? L'animatrice de ce baromètre de tendance, ni très critique ni très fûté, semblait étayer ses "coup de coeur" par des descriptions génériques qui semblaient suffire à justifier la défense de tel groupe contre tel autre. Par exemple, elle évoquait l'album de Black Strobe à sortir, et que tout le monde semble déjà posséder (ça remontera peut-être le moral d'Ivan Smagghe, perdant du revirement rock du groupe; il analyse la séparation ici, et distille deux trois pensées qui font cogiter dans le bon sens des neurones), en disant qu'il s'agissait d'un super disque parce que c'était un mélange de dark wave, de metal et de disco. Je ne voyais pas en quoi ça augurait de la qualité du disque. Au mieux ça indiquera au disquaire ce qu'il faudra écrire sur l'étiquette du disque avant de le classer. L'invité-sélectionneur par ailleurs n'était pas un producteur de musique ou même un journaliste mais un promoteur de soirée, et ça m'a paru bien spécifique au monde de la musique électronique dansante. Je n'ai pas de souvenir, en repensant à des lectures sur le rock ou d'autres types de musique, d'entretiens avec des promoteurs de concerts ou des tourneurs.

Il semble que la musique électronique soit incapable de parler pour elle-même, elle doit subir un certain décryptage, en particulier lorsqu'on parle de techno ou de house intrumentale, musiques un tantinet abstraites et dont les références, les attitudes de producteur, sont moins lisibles que celle d'un morceau de rock par exemple. Les musiques de club forment un panel d'offre qui n'est pas facile à adapter à une demande. Pour ainsi dire, la demande est à la base inexistante. Le rôle social de ces musiques ne semble pas dépendre d'un groupe social donné, qui assurerait la pérennité de la scène. A priori, on ne grandit pas dans une culture "techno" ou "house" avec l'envie de devenir producteur de ce genre de musique. Le premier réflexe de celui qui , à un point de son parcours, veut participer à la scène électronique, me semble être de manière générale l'achat de platines. Le Dj est celui qui représente la musique de club. Il y a là une attitude à s'approprier, un savoir faire à dompter, une image à composer qui permet de se construire à moindre frais une identité sur la scène. C'est comme s'acheter une guitare pour jouer dans les fêtes. Là où le rockeur se définit non seulement par les groupes qu'il veut singer, tout groupe semblant se fonder par la pratique de la reprise, mais aussi par le choix de son intrument, le Dj se définit par ses disques. Sa performance est la démonstration d'un choix de consommation. Comme tout comportement consommateur, on postule une cohérence dans les choix qui permettrait de recomposer une figure rationnelle idéale qui emploie avec intelligence son capital.

Une émission telle qu'Alternatives, c'est donc ça à mes yeux, un guide raisonné de consommation, où on trie ses disques en fonction de la combinatoire infinie des catégories de base. On signalera un mélange inattendu, un groupe d'electro à l'attitude rock, un projet techno aux influences dub, etc. C'est au fond tenable comme conception, et on pourrait imaginer une hiérarchie des musiques de club selon leur degré d'hybridation, et une hiérarchie des auditeurs selon leur capacité à décortiquer les différentes composantes d'une production donnée. pourquoi pas. ça ne couvre pas tout mais ça explique certains phénomènes. sans doute.


D'autre part, je suis allé lire quelques forums sur Justice, pour savoir ce que les gens en disent, ça me rend curieux tout ça. et je constate l'incroyable goût pour l'hyperbole des fans (en gros le groupe va abolir toutes les barrières de toutes les catégories musicales et sociales de france et d'Europe) mais aussi la violence des attaques contre les voix dissonantes qui se risquent à traîner dans ces espaces. Depuis ça me fait réfléchir à une espèce d'envers du buzz, à un côté sombre de la hype, quand les thuriféraires deviennent si investis du message qu'il portent qu'il en viennent à se sentir personnellement responsables du respect de l'objet promu. Je sais pas. à vous de voir. je le sens comme ça. Juste pour rigoler je vous renvoie au forum Institubes, haut lieu de la buzzerie francophone, le topic sur l'album solo de tekilatex, où un internaute dit avec génie "moi ça me tarde de voir sa promo et les interviews". juste brillant.


pour renouer avec l'habitude de filer un mp3 pour garnir le post, j'ai choisi de filer le remix de Frankie Valentine par Henrik Schwarz.


Frankie Valentine - Zumbi (Henrik Schwarz dub remix)

Je ne sais jamais trop si je vais aimer ou non un morceau de Henrik Schwarz, toujours à la limite de la préciosité dans ses arrangements de percu et de piano. Là je trouve qu'il a tapé dans le mille, comme pour son remix d'Alex Smoke ou sa collaboration récente avec Jesse Rose (quatorze minutes de bonheur). Parfois il verse franchement dans le côté un peu quality street de la house un peu lounge qu'il pratique (cf certains choix de remix genre Camille ou certains des titres qu'il a sortis sur son label Sunday Music). Ici, il dépouille l'original de la plupart de ses ornements soul pour ne garder qu'une structure un peu tribale, guidée par un kick super strict qui marque l'appartenance house de l'ensemble et garnie de percus super bien arrangées. Il attend la moitié du morceaux pour introduire des éléments harmoniques; d'abord des nappes de synthés assez sombres et par la suite des accords de piano qui remplacent progressivement des éléments percussifs, un peu à la manière des claviers dans la techno de Detroit. La petite touche inattendue et très réussie je trouve c'est le traitement de la nappe de synthé à 4'30, dont la texture devient soudain rugueuse, sans doute par un changement de la fréquence d'échantillonage du son ou par l'introduction d'une dose de bruit blanc dans l'onde du synthé, qui rompt le côté faussement référentiel du morceau, celui-ci se présentant jusque là comme une pseudo captation de musique live bien ordonnée. ça capte l'attention immédiatement, enrichit les harmoniques de la nappe et fait regretter que le morceau approche alors sa fin. En termes de catégorie je pense qu'on dirait que le morceau mêle traitement du son façon techno minimale allemande, mixe les percus et les claviers façon techno Detroit, et puise ses références dans la soul et la world music. je pense que ça en fait donc un bon morceau certifié et de moi un bon auditeur que l'on se gardera bien de critiquer en commentaires.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Hello
ceux qui veulent poursuivre sur Black Strobe a l'occasion de la sortie du premier album peuvent lire les propos d'arnaud rebotini sur le frenc data club !

cheers