jeudi, novembre 23, 2006

Le Goût des Zobs


Salut les amis:

Brancher directement de la musique dans ses organes génitaux: enfin possible. D’autres blogs ont mentionné l’existence très étrange d’Ohmibod, sans repérer certains des aspects les plus fous de cette entreprise. j’ai encore du mal à croire que cet objet est réel. Son utilisation n’est pas cantonnée à la musique électronique, mais force est de constater que leur site s’appuie largement sur une imagerie club. le vibro étant activé par la puissance de la pulsation, je n'ose pas dire la force des beats, on peut aisément comprendre les raisons de cette prédilection. Ceci dit, il faut néanmoins admettre que certaines représentations contribuent également à expliquer cette collusion. Les musiques de club sont considérées comme les outils permettant au dj de faire danser le public, et donc sont souvent associées à des clichés sensuels. On va pouvoir ici affiner l’idée, déjà évoquée, selon laquelle, sans tenir compte de la genèse historique de ces genres, la musique électronique pourrait être considérée comme un instrument de domination, vague et illusoire, des femmes par une minorité masculine. Ohmibod serait une manifestation assez unique des conséquences d’une logique de marketing globale voulant vendre la musique de club comme un produit à finalité érotique, logique dont il faudrait plus longuement étudier le fonctionnement (je me suis toujours demandé pourquoi de nombreux clips et publicités représentant des morceaux de house développaient une vision érigeant les femmes comme destinataires principaux, les danseuses, tout en faisant étalage d’une imagerie hétéro-érotique que l’on suppose destinée à une clientèle masculine; les djs sont des branleurs, soit, mais je me pose des questions: les amateurs de musique électronique utilisent-ils vraiment leur écoute pour se satisfaire manuellement? Toute écoute d’électro suppose-t-elle vraiment comme horizon l’instrumentalisation de cette culture pour copuler, fantasme dont la frustration inévitable ferait de la simple écoute musicale un substitut à la masturbation? L’électro est-elle à la branlette ce que la branlette est au sexe?)
Ohmibod c’est donc l’aboutissement de cela: l’electro comme source directe de jouissance sexuelle, sans métaphore. Ce qui en revanche me semble être le vrai coup de génie de l’entreprise, c’est le maintien de la dimension sociale de l’écoute musicale dans l’utilisation pronée par les créateurs de cet outil. En effet, les clients sont invités à proposer au monde entier leur sélection branlette sous forme de playlist, afin de constituer une base de donnée qui permettra à chacun de choisir avec plus de discernement le type de stimulation qu’il souhaite. Les catégories sont magnifiques (qui ne rêve pas d'une bonne session branlette hip hop "plug'n'thug"?). La connexion des goûts musicaux et de la fesse n'est pas nouvelle, mais s'ouvre désormais à l'horizon global. Il est marrant de constater que la logique de l’orgasme est une métaphore souvent employée pour justifier une construction un peu simpliste caractérisant des morceaux d’electro se contentant de mettre bout à bout des montées en intensité du même motif musical. La quasi intégralité des productions de Vitalic, le deuxième album de Superdiscount, certains remixes de Tiga et plein d’autres morceaux obéissent à ce système. La lecture des playlists d’ohmibod devrait nous renseigner à l’avenir sur l’impact réel de ces travaux en terme de spasmes corporels. Peut-être se développera un rapport à la musique calqué sur les goûts sexuels: on choisirait son programme en fonction du type de plaisir souhaité. Pas sûr qu’on en sache plus à l’arrivée sur les origines de l’un ou l’autre de ces goûts. Il serait même regrettable à l’avenir de devoir lire le top 5 branlette des inrocks avant d’enlever son slip. Peut-être que la distinction, le bon goût, vient de trouver là son ultime marché: faire observer les normes branlette de la société.
Le mp3 du jour devrait, je l’espère, permettre de satisfaire les deux pulsions, sexuelle et intellectuelle:

Snax - My Rug

Ce titre n’est pas extrait du dernier album de Snax, membre de Captain Comatose, mais du précédent. Il offre à mon avis la parfaite combinaison d’un type d’electro old school, basé sur la programmation d’une boîte à rythme accompagnée d’un synthé, avec les ressources de la voix de Snax, poursuivant ses explorations très Prince-iennes du son club. L’intro énigmatique ne dévoile rien de ce que le morceau renferme: un riff de boîte à rythme irresistible, composé de très peu de sons mais parfaitement agencé pour générer les ondulations du bassin recherchées. Snax oscille souvent entre un chant soul et un flow plus abrupt façon hip-hop. Ce morceau me semble aller plus vers cette seconde option, mais dans un style qui exclurait tout couplet pour ne retenir que des “catchphrases” réitérées jusqu’à la fin du morceau. Les différentes pistes de synthé qui habillent progressivement le morceau sont de deux natures: les accords joués avec un maximum de modulation pour atteindre le fort degré d’expressivité voulu, amenant le morceau vers des territoires plus funk, et un fil mélodique qui pose tranquillement une note sur chaque temps et adoucit considérablement le ton du morceau. Les heureux utilisateurs/trices de l’ohmybod peuvent désormais se le mettre où bon leur semble et presser play avec l’assurance de n’envoyer que des pulsations de qualité, estampillés Total Zob dans leurs orifices. Pour les autres, rassurez-vous: on peut toujours tranquillement s’étrangler le paresseux en écoutant ce morceau sur sa chaîne.

Bonne Bourre

jojo

ps: ne ratez pas les Tips & Tricks du site: on y apprend pêle mêle que l’utilisation en voiture est déconseillée à moins d’être passager (ce qui devrait donner naissance à une galaxie de scènes érotiques de plus en plus hi-tech), que l’ohmybod peut se brancher sur tout appareil musical (ils devraient à mon avis proposer un “quadrupleur” minijack pour permettre de brancher deux vibros (vibri?) et deux casques sur une seule source musicale, ce qui accentuerait le côté convivial; à quand les Ohmybod battles au Paris Paris, où chaque client éprouverait physiquement la qualité du dj à sa façon, selon ses possibilités biologiques et ses préférences personnelles?), et même, comble du génie, que le vibro n’implique pas l’écoute musicale, ce qui soulage sans doute ceux qui ne cherchent qu’un simple substitut de bite à se mettre dans le trou sans se faire chier à choisir ce qu’il convient ou non d’aimer pour se tripoter.


5 commentaires:

menteur pervers a dit…

Intéressant. Est-ce qu'il existe une version fleshlight qui réagit à la mélodie ou au chant, pour les garçons hétéros ?

jojo a dit…

je suis prêt à parier que d'ici dix ans la stimulation anale sera universelle, rendant caducs les objets dont tu parles. on a peur de s'y coincer la bite en plus.

Anonyme a dit…

Très sympa ce post, ca me fait plaisir de ne pas être le seul à avoir remarqué tout ce ramassis de copulations sous-entendues dans les clips de ""House""

NNMS a dit…

"L’électro est-elle à la branlette ce que la branlette est au sexe?"

Phrase du mois

Cyril Vettorato a dit…

je renchéris