mardi, mai 15, 2012

Universal want

"I [...] love super-pro high-def commercial pop music that has completely stripped all humanity out and left these grotesque, inhuman Auto-tuned messages to reinforce a universal want of rough sex, money, fun and love." Laurel Halo, The Wire, n°. 339. Spot-on?

vendredi, janvier 29, 2010

Demain est arrivé


Alors ça y est : le disque que j'attendais le plus en ce début d'année est arrivé (avec de l'avance) : la version studio de l'opéra electro composé par le groupe suédois The Knife sur L'Origine des espèces, pour les 150 ans de la parution de l'ouvrage de Darwin. Le cd sortira un peu plus tard mais les précommandes et la version digitale sont déjà disponibles sur le site du label créé par le groupe. La version mp3 est un gros paquet de 200 mégaoctets, qui comprend les 90 minutes de musique produites par le groupe (en collaboration avec Mt. Sims et Planningtorock), une image de la pochette et un livret numérique.
La première écoute a été un peu déroutante, puisque la première partie de l'album rompt presque complètement avec le son pop du groupe, et propose une série d'expériences sonores qui prennent pour modèle les différents aspects du concept d'évolution. L'album s'inspire en fait de différentes sources : les écrits de Darwin lui-même, c'est-à-dire ses ouvrages scientifiques, ses notes de voyage et sa correspondance, en particulier les lettres échangées avec sa famille, ainsi que certaines gloses contemporaines de ses théories, dont les fameux ouvrages de Richard Dawkins, Le Gène égoïste et L'Horloger aveugle. Les écrits de Darwin sont utilisés à diverses reprises dans le livret, ils fournissent par exemple les accents pathétiques des passages évoquant le deuil de Darwin après le décès de sa fille de 10 ans. Les travaux de Dawkins sont mobilisés à des fins plus pratiques : ils ont suggéré aux musiciens des idées de production : les sons, qu'ils soient issus de synthèse électronique ou des enregistrements de bruits recueillis par Olof Dreier dans la forêt amazonienne, se reproduisent, se modifient progressivement au fil des duplications et construisent ainsi un parcours musical évolutif. Par ce système de dérivations successives, le disque condense en 90 minutes une histoire qui nous conduit du magma sonore des premières pistes, très orientées musique concrète, au son pop percussif et répétitif auquel on s'attendait initialement, ici cantonné à la dernière demi-heure, en passant par les chants des oiseaux.
Cerise sur le gâteau, le groupe a complété ce projet en publiant le disque sous le régime des "Creative Commons Attribution-Noncommercial-Share Alike 3.0 Unported License", ce qui le rend susceptible de toute forme de duplication/modification tant que celle-ci se fait dans un but non lucratif.Logique, compte tenu du climant théorique dans lequel baigne ce bel album.
Pour finir deux choses : un lien vers le site du groupe, ou un morceau (très touchant)est proposé en téléchargement libre en échange d'une inscription à la newsletter du groupe, et où le disque entier est accessible en streaming, et ceci, plus étonnant mais indispensable, une table ronde des musiciens du groupe autour de ce disque (la mise en scène promotionnelle de ce groupe par lui-même est toujours très futée ) :